Une maman peut en cacher une autre !

Aujourd'hui je vais vous parler d'un problème souvent rencontré lors d'une recherche généalogique : les changements de patronyme. Ils sont la plupart du temps dus à une orthographe approximative, une erreur de la part du rédacteur de l'acte (officier d'état civil, prêtre, pasteur, notaire…)

Dans le cas de mon ancêtre, on a affublé la fille du surnom de son père.

Tout commence le 14 octobre 1738 à Nîmes. Ce jour-là, en la cathédrale Saint-Castor, Françoise Saunier, fille de cordonnier, épouse François Jauffret, compagnon cordonnier. Le père de la mariée, Jean Saunier, est lui aussi cordonnier et sa mère, Marie Superian, est décédée.

Image illustrative de l’article Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de NîmesVue actuelle de la cathédrale Saint-Castor de Nîmes. La porte fut bâtie au début du XIXe siècle.


Un mois auparavant, le 1er septembre 1738, Françoise Saunier et son fiancé ont établi un contrat de mariage dans leur ville chez Maître Montfaucon. Au fil de la lecture du contrat, on apprend notamment qu'il s'agit certainement d'un mariage arrangé car Françoise Saunier reçoit ce qu'on appelle "le droit de maître", c'est à dire une somme que son père, maître cordonnier, lui verse parce qu'elle épouse un compagnon de la même corporation. On lit également que Jean Saunier, le père de la mariée, a emprunté une somme de 145 livre à son beau-frère Pierre Robert, jardinier de Nîmes, pour payer la partie de la dot issue des droits maternels de sa fille. Et ce détail a son importance !


Filiation de Françoise Saunier, contrat de mariage chez Me Joseph Montfaucon, archives départementales du Gard, 2E37 0275, 1er septembre 1738

Jusqu'ici, tout va bien. Il s'agit alors de rechercher les actes de baptême des mariés, tous deux dits natifs de Nîmes dans leur acte de mariage.

Pas de soucis pour François Jauffret qui est bien né à Nîmes en 1716. Pour Françoise Saunier, les choses se corsent…

Il n'y a qu'une seule Françoise Saunier, née à Nîmes le 29 mars 1722 et baptisée à Saint-Castor le lendemain. Elle est bien fille de Jean Jauffret, cordonnier, mais la mère s'appelle Marie Monbras, et non Marie Superian. Aucune proximité phonologique entre Monbras et Superian. A première vue, il ne s'agit pas de ma Françoise Saunier.

Et alors où est-elle née si on ne trouve rien d'autre sur Nîmes ?
Je décide tout de même de m'intéresser au couple Jean Saunier et Marie Monbras. Ils se sont mariés en 1717 à Nîmes. Lui est fils de Pierre Saunier et de Marguerite Aysette. Elle, elle est issue du mariage d'un menuisier beaucairois, Pierre Monbras, et d'une Nîmoise, Alix Baron.
Marie Monbras meurt en 1731 et Jean Saunier se remarie avec une certaine Claire Rouviere.

Revenons à Françoise Saunier et son époux François Jauffret. Ils ont eu deux enfants, Claire en 1740 et Jean en 1743. Et devinez qui est la marraine de Claire ? Une certaine Claire Rouviere…Cela fait beaucoup de coïncidences et je deviens persuadée que le couple Jean Saunier et Marie Monbras sont bien les parents de ma Françoise Saunier et que Marie Monbras et Marie Superian ne font qu'un, surtout que le nom Superian n'existe pas sur Nîmes et se alentours. Reste à le prouver, et à trouver l'explication de ce nom.

Surtout qu'en poursuivant mes recherches, je découvre que le Jean Saunier marié à Marie Monbras a bien une sœur qui a convolé avec un jardinier nommé Pierre Robert. Vous vous souvenez ? C'est lui qui a prêté une partie de l'argent de la dot pour le contrat de mariage de Françoise Saunier.

C'est l'acte d'inhumation d'Alix Baron, mère de Marie Monbras, qui va donner l'explication. Le 25 octobre 1711 elle est inhumée au cimetière de la Couronne à Nîmes, mentionnée comme veuve de Pierre...Souperian !

Acte d'inhumation d'Alix Baron


Souperian était donc un surnom et Monbras le véritable patronyme !


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